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Soldes à Virgin : « Vous vous êtes comportés comme des pourritures »
Antoine Michel | Blogueur

Le 13 mai 2013 à minuit, via e-mails et réseaux sociaux, la nouvelle se répand comme un virus digne des zombies de Danny Boyle : le Virgin Megastore, à l’agonie, annonce des réductions de 50% sur la quasi-totalité du magasin. Les détenteurs de cartes de fidélité bénéficient de 20% supplémentaires.
L’enseigne Champs-Elysées ouvre à 10 heures, et les choses se compliquent déjà. Les gens dehors s’impatientent, ils sont des centaines (dont certains sont là depuis 7 heures du matin), et tentent d’ouvrir eux-mêmes la gigantesque porte métallique. Ils tentent, ils tentent, les charognards.
La tension est déjà là, quelque chose ne tourne pas rond. Une ambiance, une attitude.
Le service de sécurité fait grincer les gonds. Sésame, ouvre-toi. Les chiens sont lâchés, le chaos peut commencer.
Des centaines d’humains, visages déformés, hagards, montent en courant au premier étage, se poussent les uns les autres. Une femme chute dans le grand escalier. Personne ne l’aide à se relever.
Objectif : le rayon numérique. Un iPad à 700 euros devient un iPad à 350 euros. Alors ils en prennent deux, trois, quatre, car même à 600 euros, les tablettes numériques se revendent illico sur eBay ou Leboncoin.fr.
Mais il n’y a pas que ça à récupérer, et certains ont prévu le coup : ils sont venus avec des grands sacs. D’autres ont carrément ramené des valises.
Comme le témoigne une certaine Emma dans Le Parisien :
« C’était la folie. Ça poussait de tous les côtés. Les plus pressés montaient les marches quatre à quatre pour aller dans les rayons hi-fi. Mais il y avait peu d’articles. Du coup, certains clients arrachaient de leur socle les appareils photos ou les tablettes en exposition. Les alarmes retentissaient de toute part. »
Au téléphone, un homme hurle, plié d’un rire nerveux : « J’y crois pas, ici c’est l’apocalyyypse ! ! ! » Dans un premier temps, les employés trouvent ça hallucinant, positivement parlant. Mais ils vont déchanter très vite.

Traqués, insultés, secoués par les clients
Les consoles Xbox, vendues la veille 250 euros, passent à 175 euros. Prenons-en une, non deux, non trois. Durant l’heure suivant l’ouverture du magasin, les vendeurs, complètement désemparés, sont suivis, pris à partie, traqués, insultés, secoués par des clients devenus fous.
Certains employés montent sur des tabourets, et hurlent des ordres aux gens afin de contenir, de canaliser la foule en furie. En vain. Des clients leur hurlent dessus, et l’attention sera – semble-t-il – à qui criera le plus fort.
Alors qu’ils ont commencé leur journée depuis moins de deux heures, certains salariés s’échappent littéralement pour aller pleurer au stock, loin du chaos. Pour atterrir, pour se rendre compte de ce qu’il se passe, et reprendre un poil de force.
La fermeture du magasin, le néant d’information depuis plusieurs mois concernant un quelconque plan social, Pôle emploi s’approchant, et maintenant ça. Ça fait beaucoup.
En moins de trente minutes, le rayon numérique est vide. Plus rien, à part de la poussière et des déchets sur les rayonnages (restes de menus McDo, cannettes vides, emballages divers).
Des gens ont sous les bras des trucs sans savoir de quoi il s’agit. Ils ne savent même pas ce que c’est. « Vous pensez que je peux en tirer combien ? », osent-ils même demander. Mais même sans savoir, plus besoin de les mettre sur Priceminister. Car la vente n’a jamais été aussi sauvage, et des enchères commencent dès lors dans les files d’attentes.
Je n’ai pas eu d’iPad, je rachète le vôtre. Non moi, non moi, non moi, qui dit mieux ? On dégaine le cash, des billets passent discrètement de main en main. On se croirait en plein deal généralisé.

Ils se gavent sans peur de vomir
La magasin a en stock 184 cartouches du dernier jeu Nintendo DS « Professeur Layton ». Un revendeur de jeux vidéo, venu avec des amis porteurs, les prend toutes. Les 184.
Ceux qui sont arrivés trop tard au saint premier étage – ou qui n’ont pas eu accès aux enchères sauvages – prennent alors TOUT ce qui passe à hauteur de panier. TOUT : peluche, DVD au hasard, magnet, écouteurs, jeux de sociétés, cartouches d’imprimantes. Ils n’ont pas le temps de choisir, sinon d’autres leur voleront leur butin.
Alors ils prennent, ils prennent, se gavent sans peur de vomir. Ils prennent pour empêcher d’autres de prendre. La plupart sont au portable :
« Mais tu veux lesquels ? Dis-moi vite, il n’y a presque plus rien ! “Twilight” ? “Iron Man” ? “Transformers” ? En Blu-ray ou DVD ? Bon, je prend tout, et rappelle-moi dans dix minutes ! De toute façon, on s’en fout, c’est à moins 50% ! »
Et pourtant – forcément – ils vomissent, quand le coup de sang est passé. Où ? Aux caisses. C’est réellement là qu’ils font leurs emplettes, leurs « bonnes affaires » : alors ça oui, je prends, ça non, ça oui, ça non... Ils reposent alors ce qui, en fait, ne les intéresse finalement pas.
L’attente dans la file est en moyenne de 1h30. Derrière les caissières, de centaines de produits divers s’entassent en dizaines de colonnes, trop rapidement dégueulés pour être rangés convenablement. Alors out le traditionnel classement fantastique/horreur/comédie : on prend tout et on repose tout en tas au rayon DVD. Obligé.
Les clients, pour une fois, ne se plaignent pas.

« On rachète vos indemnités »
Une employée sort fumer une clope, par une sortie privée qui mène dans la rue d’à côté. Elle a bien pris soin d’enlever son gilet rouge, chose qu’elle ne fait jamais. Elle n’a même pas allumé sa cigarette que les gens repèrent sans pitié le petit logo sur son badge et l’accaparent :
« Vous pouvez me mettre ça de côté ? Il vous reste des iPad ? Achetez-en un pour vous, et je vous le rachète ! »
L’employée leur répond que non. Leurs bouches se déforment alors, deviennent méchantes : « Non, mais sérieux, on croit rêver... Pffff ! »
Même aux livres, rare rayon sur lequel les soldes n’ont pas lieu (loi oblige), les gens remplissent des paniers en prenant – là encore – tout ce qui leur passe sous la main.
Lorsque les employés leur précisent que les livres ne bénéficient pas de réductions – « Non, mais vous auriez pas pu le dire ? » – ils reposent tout tel quel, n’importe où, avant de partir bon train vers des rayons plus juteux.
« Vous devriez être content, on rachète vos indemnités » ;
« C’est scandaleux, les vendeurs se sont servis avant nous ! » ;
« Vous n’allez pas vous plaindre d’être bientôt au chômage : vous vendez aujourd’hui, et je contribue en achetant. »

Ils n’ont JAMAIS vu ça de leur vie
Pour ajouter au chaos ambiant, au rez-de-chaussée comme au premier étage, des centaines de boîtiers vides de DVD et jeux vidéo jonchent le sol. Ouverts de force, volés dans la cohue.
On marche comme sur des œufs de peur de glisser, en poussant du pied les cadavres d’une culture qui semble avoir été violée. A la sortie, les bornes antivols hurlent au point qu’on ne les entend même plus.
Alors que le magasin ferme normalement ses portes à 22 heures, aujourd’hui, extinction des feux à 19h30. Ordre de ce qui reste de la direction : ne plus faire entrer personne pour mieux gérer la horde présente. (Pour la plupart des salariés cependant, la journée ne se terminera vraiment que cinq heures plus tard.)
Les vigiles, sous une pluie d’insultes et de huées, font leur job. Les gens dehors deviennent fous, les en empêchent, retiennent la porte. Ce qu’ils ne savent pas, les chacals, c’est que le magasin a déjà été pillé. Chacun de ses os a été sucé méthodiquement. Avidement.
Avec difficulté, les agents de sécurité, qui n’ont JAMAIS vu ça de leur vie, parviennent à refermer sésame. Ouf.

Amassant leur « butin »
Durant les derniers mois, depuis l’annonce de la fermeture de la chaîne Virgin, pas un seul de ces « clients » n’a évidemment levé le petit doigt pour soutenir (de quelque manière que ce soit) les 1 000 salariés, futurs chômeurs dans quelques semaines.
Mais lundi, ils étaient pourtant tous là comme par magie, ces clients invisibles, fossoyeurs aux dents acérées.
Ils ont soudain retrouvé l’adresse d’un magasin dans lequel, au mieux, ils n’avaient pas mis les pieds depuis des années, au pire, ne sont jamais allés.
Comble, certains ont même posés des RTT le matin même pour pouvoir s’y rendre. Dans le même article du Parisien cité plus haut, il est également noté que la Emma en question (mise au courant de la braderie par une proche) « était venue en repérage la veille, car elle n’avait encore jamais mis les pieds dans un magasin Virgin ».
Le temps d’une matinée, oubliant Amazon, oubliant « la crise », ils étaient là en chair et en os, en masse, les rats, les nécrophiles, dansant joyeusement sur les cadavres de milliers de salariés, amassant leur « butin », comme certains le disaient à 11 heures sur Twitter.
Faire des bonnes affaires, c’est une chose. Mais à ce prix là ? « Eh oui » avez-vous tous répondu en chœur, « A ce prix là », justement. Et ce prix là, c’était moins 50%. C’est ce que vous répétiez tous, vous, les charognards, la salive pâteuse aux commissures des lèvres.

A prix cassés, dignités soldées ?
Pour ce prix-là, vous avez poussé aux larmes des travailleurs qui, peu importe ce qu’on peut penser de Virgin, ont mis toute leur énergie et leur amour durant des années dans un job qui les a passionnés. Pour un simple rabais, vous les avez insultés, méprisés et violentés. Vous avez montré sans masque qu’un vulgaire iPad avait à vos yeux plus de valeur que leur travail et leurs passions.
Pour ce prix-là, putain, vous êtes devenus des bêtes. A prix cassés, dignités soldées ? La vôtre on s’en doutait, mais également la leur dans la foulée ? Vous ridiculiser ne suffisait donc pas ? Il fallait également les écraser, les traîner dans la boue ?
Vous vous êtes battus comme des chiens. Bravo, c’est bien. Mais vous n’êtes pas des chiens, les chiens n’agiraient pas ainsi. Mais vous n’êtes pas non plus des êtres humains, car un humain il me semble, n’agit pas non plus de la sorte.
Non. Pour vous être comporté ainsi, vous n’êtes simplement – et clairement – que des sales pourritures.
Rue 89



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