jbtahiti a dit : Sauf qu'à la différence des adaptations Marvel, dont les aventures de super héros ont été développées par d'innombrables scénaristes et autant de dessinateurs au fil des années, Tintin me semble beaucoup plus difficile à adapter car il est issu d'un seul et même auteur. Donc pas de travestissement possible
Je n'ai pas besoin de t'expliquer en quoi n'importe quelle adaptation de BD au cinéma est un travestissement (et une trahison) puisque tu substitues ton image du héros (et des personnages) à celles déjà existantes… Il ne peut pas y avoir de "respect de l'œuvre" puisque l'adapter, c'est déjà la trahir.
Si tu parles de la genèse, oui c'est l'élément à respecter de façon scrupuleuse, mais ce n’est qu’une introduction. Ensuite l'histoire franchement, je suis loin d'être un spécialiste, mais Batman a du affronter 25000 fois le Joker sous plusieurs formes et angles différents, et c'est pareil pour les autres concernant leur Némésis.
Reste que les adaptations de films de Super Heros (DC ou Marvel) font références a des histoires bien précises donc la trahison est tout aussi possible, surtout quand on sait a quel point peuvent être pointilleux les fans de comics.
Sauf qu'à la différence des adaptations Marvel, dont les aventures de super héros ont été développées par d'innombrables scénaristes et autant de dessinateurs au fil des années, Tintin me semble beaucoup plus difficile à adapter car il est issu d'un seul et même auteur. Donc pas de travestissement possible, car cela apparaitra comme une trahison. Il faudra adapter le récit BD au format ciné tout en collant avec l'esprit original.
Il y a autant de Batman, d'Iron Man, de Spiderman qu'il y a eu de scénaristes qui ont développé leurs histoires. Les cinéastes ont finalement abordé leur vision personnelle du héros. Avec Tintin c'est plus délicat.
Le cinéma est tombé bien bas quand même (surtout Spielberg)
Y'a tellement plus d'idées qu'après avoir pompé l'univers Marvel, on pompe Hergé. Prochaine étape : "les aventures de Pif et Hercule" avec un gadget offert à tous les spectacteurs qui vont voir le film
Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne (The Adventures of Tintin: Secret of the Unicorn) est un film d'aventure américano-belgo-néo-zélandais en motion capture 3D réalisé par Steven Spielberg et sorti en 2011.
Le scénario de Steven Moffat, Joe Cornish et Edgar Wright est adapté des albums de Hergé Le Crabe aux pinces d'or, Le Secret de La Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge1.
Co-produit par Spielberg et Peter Jackson, c'est le premier film de la « trilogie Tintin », qui devrait être suivi de Les Aventures de Tintin : Le Temple du Soleil (The Adventures of Tintin : Prisoners of the Sun), réalisé par Peter Jackson et un troisième film (titre à venir) réalisé par Steven Spielberg ou Peter Jackson.
jbtahiti a dit : J’ai toujours beaucoup aimé l’univers de Tintin, mais quelque chose me chiffonne dans cette adaptation. D’après ce que j’ai lu à plusieurs reprises, le film sera basé sur deux albums : Le Crabe aux Pinces d’Or et Le Secret de La Licorne. Or ce dernier n’est qu’un préambule à l’album qui le suit dans l’œuvre d’Hergé, c'est-à-dire Le Trésor de Rackham Le Rouge, où toutes les énigmes et interrogations sont résolues. Comment peuvent-ils donc conclure une histoire en se basant sur l’adaptation d’un album qui n’est finalement qu’une sorte d’introduction ?
moi j'ai toujours lu que ce film était basé sur 3 albums : Rackham, Licorne et le Crabe.
Ah ok ça change tout alors. Je vais faire des recherches car j'ai toujours entendu parler du CAPDO et du SDLL mais jamais du troisième. En plus dans toutes les images que j'ai pu voir du film, jamais aucune du LTDRL.
jbtahiti a dit : J’ai toujours beaucoup aimé l’univers de Tintin, mais quelque chose me chiffonne dans cette adaptation. D’après ce que j’ai lu à plusieurs reprises, le film sera basé sur deux albums : Le Crabe aux Pinces d’Or et Le Secret de La Licorne. Or ce dernier n’est qu’un préambule à l’album qui le suit dans l’œuvre d’Hergé, c'est-à-dire Le Trésor de Rackham Le Rouge, où toutes les énigmes et interrogations sont résolues. Comment peuvent-ils donc conclure une histoire en se basant sur l’adaptation d’un album qui n’est finalement qu’une sorte d’introduction ?
moi j'ai toujours lu que ce film était basé sur 3 albums : Rackham, Licorne et le Crabe.
De l'histoire de la découverte du trésor, qui est sur 2 albums. Ce n'est pas parce que t'es vexé sur un autre topic qu'il faut dire n'importe quoi sur les autres
Pas à ma connaissance puisqu'il y aura deux autres adaptations de prévues et aucune n’est justement basée sur Le Trésor…
La suivante sera normalement fondée sur Les Sept Boules de Cristal et Le Temple du Soleil
Ben c'est ce que je pensais aussi, sauf que j'ai entendu que le prochain était...Tintin en Amérique
Non seulement il ne finit pas l'histoire, mais en plus il ne fait pas dans l'ordre. C'est un peu n'importe quoi...
J’ai toujours beaucoup aimé l’univers de Tintin, mais quelque chose me chiffonne dans cette adaptation. D’après ce que j’ai lu à plusieurs reprises, le film sera basé sur deux albums : Le Crabe aux Pinces d’Or et Le Secret de La Licorne. Or ce dernier n’est qu’un préambule à l’album qui le suit dans l’œuvre d’Hergé, c'est-à-dire Le Trésor de Rackham Le Rouge, où toutes les énigmes et interrogations sont résolues. Comment peuvent-ils donc conclure une histoire en se basant sur l’adaptation d’un album qui n’est finalement qu’une sorte d’introduction ?
The Number 9 a dit : Alors Air1, tu as trouvé Drive sympa (j'ai vu sur un autre topic que tu allais le voir) ??? J'ai du le voir la semaine derniere, ça va il est sympa. La réalisation est vraiment bonne faut l'avouer. Mais il m'a manqué un truc, je sais pas quoi d'ailleurs. J'ai eu une sorte de petite déception. Surtout vu la hype lors de la sortie. Et je ne trouve pas Gosling extraordinaire... Ah et j'en ai marre des gens qui se sentent obligé de mettre un titre de la BO sur leur page facebook juste pour montrer qu'ils ont aimé. BO sympa au passage. Si d'autres l'ont vu...
Moi j'ai trouvé ça vraiment mauvais.
Film de réalisateur (ou de poseur ), donc une bonne réalisation (encore que, il y a pas mal de trucs que je n'ai pas aimé), mais à côté de ça c'est le néant total.
La scène d'intro est vraiment géniale, mais après ça va de mal en pis j'ai l'impression. Ca m'a fait penser à une publicité géante pour le côté esthétique et creux
Le scénario est d'une facilité et d'une banalité assez regrettable, le casting me plait assez (Gosling, Cranston, Brooks, ...) mais je trouve les personnages pas mis en valeur (Gosling à part, c'est un peu le principe de son rôle).
C'est dommage parce qu'encore une fois avec la scène d'intro ça laissait présager d'un film intéressant.
Après il reste quelques fulgurances (la scène de meurtre sur la plage), mais dans l'ensemble j'ai trouvé ça très chiant.
Et sinon je n'ai pas aimé du tout la BO, tendance electro 80's très rébarbative et surtout trop présente ("Be a human being, and a real hero", on finit par se lasser au bout de la 4ème fois )
Après, ce n'est pas la première fois que ce genre de film a du succès, mais ce qui m'énerve c'est tous les gens qui parlent de "claque" après le visionnage... On en est vraiment loin selon moi. (surtout quand on pense aux films de Michael Mann en comparaison...)
Alors Air1, tu as trouvé Drive sympa (j'ai vu sur un autre topic que tu allais le voir) ???
J'ai du le voir la semaine derniere, ça va il est sympa. La réalisation est vraiment bonne faut l'avouer.
Mais il m'a manqué un truc, je sais pas quoi d'ailleurs. J'ai eu une sorte de petite déception. Surtout vu la hype lors de la sortie.
Et je ne trouve pas Gosling extraordinaire...
Ah et j'en ai marre des gens qui se sentent obligé de mettre un titre de la BO sur leur page facebook juste pour montrer qu'ils ont aimé. BO sympa au passage.
-- Anonyme a dit : Étant trop jeune pour connaitre cette époque du cinéma francais, je voudrais voir les plus grands films de Jean Gabin. Quels sont les incontournables ? Merci par avance. --
Je suis loin d’être un spécialiste de l’acteur, mais je tenais à te donner une réponse, car comme toi j’avais essayé de découvrir un peu plus un acteur auquel certains interprètes, plus actuels, se référaient. Tu peux commencer par visionner quelques films importants auxquels il a participé pendant les années 30, des films dans lesquels il jouait plus sur son image d’homme séduisant, sur sa belle gueule.
Il y a :
- La grande illusion, de Jean Renoir
- Le quai des brumes , de Marcel Carné
- Gueule d’amour, de Jean Gremillon
Ensuite, après la guerre, il revient, changé physiquement, avec cette allure imposante et cette aura de patriarche, qui lui permettront d’obtenir les rôles de personnages parfois assez intimidants.
Je t’inscris quelques films dans l’ordre chronologique, il y a notamment :
- Touchez pas au grisbi, de Jacques Becker
- French Cancan, de Jean Renoir
- Razzia sur la chnouf, de Henri Decoin
- Voici le temps des assassins, de Julien Duvivier
- La traversée de Paris, de Claude Autant-Lara
- Le rouge est mis, de Gilles Grangier (un de mes favoris, celui-là )
- Les grandes familles, de Denys de la Patellière (celui-là bénéficie d’une bonne interprétation, mais il vaut surtout pour le très bon livre de Druon dont il s’inspire).
Ensuite arrivent les années 60, où continue avec ce même statut d’interprète très imposant, avec notamment les films suivants :
- Le Président, d’Henri Verneuil (avec un discours mémorable à l'Assemblée Nationale )
- Le cave se rebiffe, de Gilles Grangier
- Mélodie en sous-sol, de Henri Verneuil
- Du rififi à Paname, de Denys de la Patellière
- Le Pacha, de Georges Lautner
- Le clan des Siciliens, d’Henri Verneuil
Après ces films, il se fait vieillissant, mais continuer à signer quelques performances marquantes, dans :
- La Horse, de Pierre Granier-Deferre
- Le chat, de Pierre Granier-Deferre
- L’affaire Dominici, de Claude Bernard-Aubert
- Deux hommes dans la ville, de José Giovanni (dernière collaboration avec Delon)
Je te conseille grandement de démarrer par les films qu'il a faits dans les années 30, et de choisir ensuite parmi ceux que je t'ai proposés (j'ai mis en gras ceux qui étaient plus connus du grand public). Voilà.
Étant trop jeune pour connaitre cette époque du cinéma francais, je voudrais voir les plus grands films de Jean Gabin.
Quels sont les incontournables ?
Merci par avance.
Culture | Cinéma | 24/05/2011 - 19:04 Jean Dujardin en course pour les Oscars
Fort de son prix d'interprétation masculine, obtenu dimanche à Cannes pour The Artist, de Michel Hazanavicius, Jean Dujardin se lance dans la couse aux Oscars, d'après une information du Figaro.
"Harvey Weinstein qui distribuera le film dans de nombreux pays dont les Etats-Unis a décidé d’emmener The Artist dans la course aux nominations pour les Oscars", a annoncé au quotidien le producteur Thomas Langmann. "Nous visons le même grand chelem Césars-Golden Globes-Bafta-Oscars que Marion Cotillard avec La Môme. Jean Dujardin, Bérénice Bejo, Michel Hazanavicius joueront à fond le jeu", a-t-il ajouté.
-- jbtahiti a dit : -- Bullet in the head a dit : J'ai enfin vu "Des hommes et des dieux" hier soir et j'ai été déçu : Xavier Beauvois pourrait être le fils spirituel de Robert Bresson mais ses films ne sont pas encore suffisamment arides -- Aaaaaah Bresson... --
-- AiR1 a dit : perso j'suis pas spécialiste mais je vais quand même tenter de donner ma réponse : je trouve ça sympa de le recompenser, il me plait de plus en plus et n'a pas l'air de se la raconter. quand on voit d'où il est parti (avec les sketchs avec Salomon), puis en passant par Brice de Nice, 99F, il s'est forgé un style et je l'ai trouvé bon dans les OSS. Je l'ai moins vu dans ses rôles dramatiques. pas encore vu The Artist, mais les retours le disent très bon. un acteur très mainstream (et bankable) qui se place sur l'échiquier français avec un prix à Cannes, c'est pas mal pour la crédibilité. --
Je trouve qu’il excelle dans le registre de la comédie légère, car il possède l’énergie positive, le charisme et l’éclat d’un acteur comique « à l’américaine ». Il me fait penser à un Gene Kelly version saucisson/pinard. Je le trouve par contre moins rayonnant dans les rares drames dans lesquels je l'ai vu. Ce n'est pas qu'il y soit mauvais, mais il a une singularité en tant qu'acteur de comédie que je ne saurais lui trouver en tant qu'acteur de drame. En deux mots, il ne sort pas vraiment du lot dans ce registre. En tout cas il doit en grande partie sa carrière à Michel Hazanavicius, qui l’a complètement révélé en sachant utiliser la facette la plus indéniable de son talent.
Bien curieux de connaître la suite de la carrière de cet acteur. J’ai quand même peur que son jeu manque de facettes justement, afin de pouvoir s’imposer complètement à l’avenir. Ce qui serait l’idéal à mon sens, c’est qu’il réussisse à trouver une sorte de clown blanc, un partenaire avec qui il formerait un duo complémentaire et détonnant à la Lewis/Martin ou Richard/Depardieu.
-- Bullet in the head a dit : J'ai enfin vu "Des hommes et des dieux" hier soir et j'ai été déçu : Xavier Beauvois pourrait être le fils spirituel de Robert Bresson mais ses films ne sont pas encore suffisamment arides --
J'ai enfin vu "Des hommes et des dieux" hier soir et j'ai été déçu : Xavier Beauvois pourrait être le fils spirituel de Robert Bresson mais ses films ne sont pas encore suffisamment arides
perso j'suis pas spécialiste mais je vais quand même tenter de donner ma réponse : je trouve ça sympa de le recompenser, il me plait de plus en plus et n'a pas l'air de se la raconter.
quand on voit d'où il est parti (avec les sketchs avec Salomon), puis en passant par Brice de Nice, 99F, il s'est forgé un style et je l'ai trouvé bon dans les OSS.
Je l'ai moins vu dans ses rôles dramatiques.
pas encore vu The Artist, mais les retours le disent très bon.
un acteur très mainstream (et bankable) qui se place sur l'échiquier français avec un prix à Cannes, c'est pas mal pour la crédibilité.
Le Prix du jury à Maïwenn pour son film "Polisse"
Prix du meilleur scénario à Joseph Cedar pour "Hearat Shulayim"
Prix d'interprétation à kirsten Dunst pour son rôle dans "Melancholia" de Lars von Trier
Prix de la Mise en scène à Nicolas Winding Refn pour "Drive"
Prix d'interprétation masculine à l'acteur français Jean Dujardin pour son rôle dans "The Artist"
Grand Prix du Jury à deux films ex-eaquo "Le gamin au vélo" des frères Dardenne et "Bir zamanlar anadolu'da" de Nuri Bilge Ceyla
Palme d'Or à Terrence Malick pour "The tree of life"
Des avis ?
Un film cosmique et philosophique teinté d'une très forte empreinte sur la foi.
J'ai vu que le film a divisé à Cannes, beaucoup ont détesté.
Malick nous sort en tout cas une superbe photographie, l'une des plus belles que j'ai vu ces dernières années assurément. Là dessus tout le monde sera d'accord je pense.
Quant au message plus ambitieux sur la nature et la grâce, là ça divise plus évidemment, dans le fond et la forme. Un film qui marque. Il me rappelle un peu Enter the Void dans le mécanisme.
Quelques longueurs mais néanmoins un beau poème pour ma part.
Peps, je serais curieux d'avoir ton avis sur le fond.
A l'occasion de la soirée de France 3, qui diffuse deux films de Sergio Leone, plongée dans un genre phare des années 1960.
Almeria, Andalousie. C'est dans ce sec Sud espagnol, non loin de ce port, que se joua l'une des dernières partitions de l'histoire de l'Ouest yankee. Drôle d'impression à y traîner aujourd'hui, Musée Grévin d'une décennie - les années 1960 -, celle de Sergio Leone, inventeur, sculpteur, de ce que les Américains appelèrent le western spaghetti. Leone déclara dans l'un de ses entretiens avec Noël Simsolo : « Je croyais que c'était ironique et subtil. Il me semblait que cela signifiait que les spaghettis remplaçaient le lasso. Mais ce n'était pas vrai. Cependant, cette appellation n'avait rien de péjoratif ; à cette époque, on disait spaghetti pour italien. Comme aujourd'hui, on parle de »pizza connection. À présent, le spaghetti est démodé. C'est la pizza qui a la cote. »
C'est parce que les poètes ont petit à petit déserté l'épopée - la poésie commence toujours par l'épopée - que Hollywood est né. Qu'est-ce qu'un western sinon un résumé de L'Iliade et L'Odyssée ? Nous sommes dans Homère. Dimension épique, lente mise en mouvement tragique. Le western - depuis Le train sifflera trois fois, de Fred Zinnemann, dont l'action, faut-il encore le rappeler, dure exactement ce que dure le film (c'est pourquoi l'on voit régulièrement une horloge, celle de la gare par exemple) - est l'art du temps. Sergio Leone en fit bon usage. Son génie ? L'étirer à l'infini, l'étendre al dente, faire jouer le silence ou les notes miauleuses de son compositeur de chevet - en fait son véritable scénariste -, Ennio Morricone, qui fut son camarade au collège. « J'ai toujours remplacé les mauvais dialogues par la musique soulignant un regard et un gros plan. C'est ma façon d'en dire beaucoup plus. »
Le cinéaste romain n'aimait guère le genre western, dont il connaissait parfaitement les codes, et détestait que l'on dise de ses films qu'ils étaient des opéras baroques car il n'aimait pas l'opéra. Il s'est intéressé au western pour le dépoussiérer. Admirateur de John Ford, dont il disait qu'il était le « maître », le « meilleur du cinéma », il s'amusa donc à tordre le cou à la légende du Far West. On allait voir ce qu'on allait voir. On a vu et revu sa géniale trilogie du dollar. Saloons déglingués, hôtels croupis, ranchs décrépits. Finis les habits neufs du shérif, le Sioux fumant le calumet de la paix, les putes bien propres chantonnant derrière un piano bastringue...
Les « héros », chez Leone, sont crasseux comme des peignes, ont l'oeil vitreux ou borgne, le visage couturé cuit par le soleil, le cache-poussière balayé par le vent du cynisme. Souci de réalisme. « Si vous regardez les photographies de cette époque, vous y verrez des individus dont l'apparence est bien pire que celle de mes personnages. Mais ce n'est pas un effet de style. C'est une volonté documentaire. Et elle m'est nécessaire pour bien ra conter des fables », aimait-il souligner.
Henry Fonda (dont l'agent ne lui avait pas fait lire le script) et James Coburn (trop cher) refusèrent le rôle de « l'homme sans nom », alias Joe, de Pour une poignée de dollars. Clint Eastwood fut contacté par le réalisateur, qui n'avait pas une lire en poche. Celui qui devint le pistolero laconique, le cow-boy samouraï inspiré de Kurosawa, froid comme un crotale, se souvient que « Sergio n'avait pas le choix : il faisait le film avec des bouts de ficelle. Il m'a choisi après avoir vu un épisode de Rawhide. Quand j'ai été approché, un Américain disant représenter le producteur m'a même demandé : Est-ce que vous pourriez fournir votre propre costume ? Abasourdi, je suis allé m'équiper dans une boutique de Santa Monica Boulevard. J'y ai acheté des pantalons qui me paraissaient d'époque ; je les ai vieillis en les lavant et relavant. J'ai récupéré des bottes et des ceinturons que j'avais portés sur Rawhide. J'ai fourré le tout dans un sac de jute, et en avant pour l'Espagne ! »
Mais avec des bouts de ficelle, on connaît la suite, Sergio Leone réalisa son premier chef-d'oeuvre, Pour une poignée de dollars (1964), suivi par Et pour quelques dollars de plus (1965) puis par Le Bon, la Brute et le Truand (1966), et réécrivit l'aventure des États-Unis. Il balaya les poncifs, créa un genre, un monde - à l'inverse de celui de Ford ou de Hawks - dénué d'ingénuité. Après lui, le son aigu, strident des winchesters et des colts navy n'eut plus le même écho. Ses balles sifflent encore dans nos oreilles comme un concerto, allegretto grazioso. Oui, après lui, le train ne sifflera plus trois fois. Que reste-t-il du spaghetti ? Une autre cuisson de l'histoire du western. Pas du ketchup. Du Tabasco.