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posté par MC Jean Gab1 : | Toni Sailer n'est plus
Eurosport - mar, 25 août
L'ancien triple champion olympique Toni Sailer est décédé lundi soir à 73 ans des suites d'une longue maladie. L'Autrichien avait été le premier homme à réaliser le triplé descente-slalom géant-slalom aux Jeux Olympiques de 1956. Retour sur le parcours d'une légende.
1956. La plus belle année de sa carrière. Peut-être même de son existence. A seulement 20 ans, l'homme de Kitzbühel, Toni - de son vrai prénom Anton Engelbert Sailer, va marquer l'histoire du ski alpin. Une première fois. Cette année-là, les Jeux Olympiques, qui font également office de championnats du monde, ont lieu à Cortina d'Ampezzo, qui devait les organiser douze ans plus tôt mais qui dût patienter en raison du conflit mondial de 1939-1945. En Vénétie, les compétitions s'étalent sur une seule petite semaine. Durant sept jours, du 27 janvier au 3 février, le skieur de Kitzbühel, qui n'a rejoint l'équipe nationale que depuis un an, écrase la concurrence. Aujourd'hui, il est impossible d'évoquer ces JO d'hiver 1956 sans y associer celui qui en fut le roi.
Au terme des trois épreuves de ski alpin au programme olympique à cette époque (slalom, géant et descente), Sailer monte à chaque fois sur la plus haute marche du podium. Trois courses, trois médailles d'or. Celui qui aurait dû devenir chef d'orchestre, selon les desiderata de son père, s'offre de facto le combiné, discipline comptant uniquement pour les Championnats du monde et compilant les temps bruts du slalom et de la descente. En Italie, Sailer, qui signe le premier triplé de l'histoire des JO d'hiver, skie sans faut note, bien au-dessus du lot. Associant une certaine élégance à une prise de risque certaine, il relègue ses principaux rivaux à des années-lumière.
L'épisode du lacet
Sa razzia commence par une victoire en géant, où la Wunderteam parvient à placer trois de ses skieurs sur le podium. Seul au monde, Sailer signe le meilleur temps des deux manches. A l'arrivée, il devance son compatriote Andreas Molterer de plus de six secondes (6"2), soit, encore à ce jour, la plus grande marge dans l'histoire olympique du ski alpin. Deux jours plus tard, Sailer produit un récital entre les piquets dits, aujourd'hui, serrés. En pleine démonstration de sa nouvelle technique de flexion-extension, il s'impose sans sourciller. Toujours affublé de sa combinaison bleue foncée, l'Autrichien n'hésite pas à skier sans masque. La donne ne change pas pour autant. Son dauphin, le Japonais Chiharu Igaya, pointe à quatre secondes. La légende est en marche.
Pour la descente, Sailer doit s'élancer avec le dossard 14. Pourtant, à quinze minutes du départ, sa participation n'est pas acquise. L'une des lanières, qui fixe sa chaussure à son ski, cède alors qu'il tente de la resserrer. Ni Sailer ni ses coéquipiers n'en possèdent de rechange. Un peu plus loin, l'entraîneur de l'équipe italienne assiste à la scène. Hansl Senger vient au secours de l'Autrichien en pleine détresse et lui prête un lacet. Flirtant avec les sapins de Cortina, Sailer fait montre de toute sa classe. Avant et après lui, ce n'est pas moins d'une trentaine de skieurs qui sont victimes du verglas qui sévit sur la piste. Dix d'entre eux sont évacués à l'hôpital. Lui passe même tout près de la chute, à quelques encablures de l'"arrivo". L'équilibriste parvient à rester sur ses skis et franchit la ligne après un effort de trois minutes (2'52"2). Le Suisse Raymond Fellay, qui signe la plus belle course de sa carrière, doit se satisfaire de la médaille d'argent, à trois secondes et demie du triple champion olympique. Quand même
Acteur et chanteur
Fort de son exploit en Italie, Sailer devient une star. Sa popularité dépasse désormais les frontières de son pays même si c'est aux bras d'une compatriote que le playboy s'affiche après Cortina. Fin 1956, et deux ans avant notre Alain Delon national, l'Autrichien fait la rencontre de Romy Schneider, toute jeune actrice de 18 ans. Leur relation, probablement trop médiatisée, fait long feu. Par la suite, Sailer prend part en 1958 aux Mondiaux de Bad Gastein. Deux ans auparavant, juste après son show olympique, il avait fini la saison en roue libre. "Du coup, tout le monde a cru que j'avais gagné sur un coup de bol. Alors j'ai décidé de continuer pour confirmer mes médailles", reconnaît-il.
Chez lui, il frôle la perfection en décrochant l'or en descente, en géant et en combiné, se contentant de l'argent en slalom. "Accusé" de professionnalisme pour avoir sorti un premier disque et avoir prêté son nom à une ligne de vêtement, Sailer est disqualifié. L'orgueil du champion aux 170 victoires et sept titres mondiaux (un record) en prend un coup. Sa réaction est immédiate : il décide de raccrocher. A seulement 23 ans. Débutée timidement en 1957, sa carrière d'acteur peut désormais remplacer celle passée sur les skis. Jusqu'en 1971, celui dont le surnom "Blitz from Kitz" ("Eclair de Kitz") inspirera celui du natif d'Arzl im Pitztal, Benjamin Raich ("Blitz from Pitz"), quelques quarante années plus tard, se consacre au cinéma. Le septième art ne lui suffit pas. Durant cette période, il sort également une quinzaine d'albums avant de devenir directeur technique de l'association autrichienne en 1972, goûtant de nouveau à ses premières amours. La boucle est bouclée.
François-Xavier RALLET / Eurosport
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